Chères collègues, Chers collègues,
Plus de cinquante enseignants-chercheurs de Paris-Dauphine se sont mis en grève des cours le lundi 2 février et renouvelleront leur démarche le mardi 10 février, jour de mobilisation nationale. Il s'agit d'une situation inédite à l'échelle de Dauphine, mais aussi pour chacun d'entre nous qui n'avions pour la plupart jamais fait grève au cours de notre carrière universitaire. Nous comprenons que cette décision est difficile à prendre et suscite des cas de conscience individuels. Nous sommes comme vous soucieux d'agir au mieux de l'intérêt de nos étudiants, actuels et futurs, mais c'est précisément pour cela que nous ferons grève le 10 février prochain. Nous souhaiterions donc vous expliquer le sens de notre démarche.
Nous dénonçons tout d'abord le caractère inabouti d'un texte, visiblement rédigé dans la précipitation par le cabinet de la ministre, et qui reste trés flou dans son contenu et ses modalités d'application. Nous demandons le retrait de ce décret comme préalable pour laisser place à une véritable concertation, gage du maintien d'un bon équilibre entre nos activités d'enseignement et de recherche.
Si le principe de l'évaluation n'est contesté par aucun d'entre nous, nous sommes convaincus que des garde-fous doivent être posés, afin d'éviter que ce décret ne devienne un instrument de pouvoir discrétionnaire entre les mains des présidents d'université et/ou un moyen à court terme de réaliser des économies sur les heures d'enseignement dans un contexte de restriction budgétaire, au détriment de la part de notre temps consacrée à la recherche. Proposer aux présidents d'université, comme l’a fait la ministre jeudi dernier, de s'accorder sur une "charte de bonne conduite" revient implicitement à avouer que de tels garde-fous n'existent pas en l'état actuel du projet de décret.
Nous demandons que le décret relatif au statut des universitaires et celui réorganisant le CNU soient examinés conjointement, afin de s'assurer que nos activités seront bien évaluées sur une base collégiale et indépendante. Or, à ce jour, l'examen de la réforme du CNU est repoussé à 2012...
Les contre-arguments du “corporatisme universitaire” et de la “peur du changement” ne sauraient servir à justifier l’adoption de toute réforme, surtout pas celle-ci qui est fondée sur une conception extrêmement restrictive de notre métier. Comme l'a écrit la présidente de l'Université de Paris 10 en citant René Rémond dans un courrier adressé à la ministre hier, "il n'y a pas de solutions simples à des problèmes compliqués". Or le maintien d'un bon dosage entre activités de recherche et d'enseignement est un problème compliqué, et qui donne tout son sens à notre engagement universitaire.
Nous avons la satisfaction de constater que les revendications des universitaires commencent à ébranler la ministre dans ses certitudes, qui s'est dite prête à ouvrir un débat le mercredi 11 février sur les modalités de l'évaluation. Axel Kahn, président de l’Université Paris V, a demandé aujourd’hui au président de la République de retirer le projet de décret et de “reprendre le dialogue” avec les enseignants-chercheurs afin de voir comment évaluer leur métier et valoriser toutes leurs activités. Pour autant, la bataille est loin d’être gagnée puisque le principe de la modulation est maintenu dans sa forme actuelle. Il est donc plus que jamais indispensable de continuer à se mobiliser individuellement et collectivement pour obtenir le retrait du décret et l’ouverture d’un véritable débat sur l’évaluation de nos activités. Nous appelons donc l'ensemble des enseignants de l'Université Paris-Dauphine à se mettre en grêve et à suspendre leurs cours le mardi 10 février.
Liste des signataires (régulièrement mise à jour):
Eric Agrikoliansky (MCF, science politique), Tania Angeloff (MCF, Sociologie), Florence Arestoff (MCF, économie), Flavien Balbo (MCF, informatique), Kevin Beaubrun-Diant (MCF, économie), Marie-Jo Bellosta (MCF, informatique), Sophie Bernard (MCF, sociologie), Celine Bessière (MCF, sociologie), Pierre Bezbakh (MCF, sciences économiques), Catherine Bidou-Zachariensen (DR, Sociologie), Franck Bien (MCF, sciences économiques), Jacques Biessy (MCF, sciences de gestion), Monique Boireau-Rouillé (MCF, Science politique), Régis Bourbonnais (MCF, sciences économiques), Nicolas Bourgeois (Doctorant-moniteur, informatique),Jérôme Boyer des Roches (MCF, science économique), Marie Carcassonne (MCF, sciences de l'éducation), Philippe Chanial (MCF, sociologie), Ross Charnok (MCF, Anglais), Stéphane Debenedetti (MCF, Sciences de gestion), Sabine Delzescaux (MCF, Sociologie), Halim Doss (PR, mathématiques), Claudine Dhuin (MCF, mathématiques), Francois-Xavier Dudouet (CR, science politique), Sandrine Dufour-Kippelen (MCF, sciences éconmiques), Mouhoud El Mouhoub (PR, sciences économiques), Béatrice Fermon (MCF, science économique), Nicolas Forcadel (MCF, mathématiques), Marc Glady (MCF, sociologie), Bernard Goldfarb (MCF, mathématiques), Philippe Gravejat (MCF, mathématiques), Claude Hagège (MCF, sociologie), Odile Henry (MCF, sociologie), Jérôme Heurtaux (MCF, science politique), Choukri Hmed (MCF, science politique), Isabelle Huault (PR, sciences de gestion), Cyril Imbert (MCF, mathématiques), Paul Lagneau-Ymonet (ATER, sociologie), Jérôme Lang (DR, informatique), Emmanuel Lazega (PR, Sociologie) Thomas Le Bianic (MCF, sociologie), Guillaume Legendre (MCF, mathématiques), Brigitte Le Grignou (PR, science politique), Pierre Levy (MCF, économie), Maude Manouvrier (MCF, informatique), Nicolas Maudet (MCF, informatique), Sabine Montagne (CR, économie et sociologie), Clément Mouhot (CR, mathématiques), Cécile Murat (MCF, informatique), Bruno Nazaret (MCF, mathématiques), Gwenaëlle Nogatchewsky (MCF, Sciences de gestion), Bruno Oxibar (MCF, sciences de gestion), Catherine Pardoux (MCF, Mathématiques), Véronique Perret (PR, Sciences de gestion), Danielle Picard (MCF, Sciences de gestion), Martine Piquet (PR, Anglais), Catherine Piola (MCF, anglais), Nicolas Praquin (MCF, sciences de gestion), Michael Riccioli (MCF, anglais), Jacques Richard (PR, sciences de gestion), Bernard Rochette (MCF, sociologie), Marjolaine Roger (PRAG, anglais), Julien Salomon (MCF, mathématiques), Catherine Samary (MCF, économie), Laurence Servel (MCF, sociologie), Rémi Sinthon (Moniteur, sociologie), Florence Stricker (MCF, anglais), Hélène Tissandier (MCF, droit privé), Alexis Tsoukias (DR, Informatique), Didier Uri (MCF, sciences économiques), Baptiste Venet (MCF, sciences économiques)
dimanche 8 février 2009
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